Comment enseigner à son enfant à reconnaître une bonne amitié ?

Enseigner à son enfant à reconnaître une bonne amitié : Dernière modification le 9 juillet 2025

Introduction

D’après Abou Houreira (qu’Allah l’agrée), le Prophète ﷺ a dit : « L’homme est sur la religion de son ami proche ainsi que l’un d’entre vous regarde qui il prend comme ami proche (*) ». (Rapporté par Abou Daoud)

(*) C’est à dire que la personne dont on est satisfaite au niveau de sa religion et de son comportement alors on le prend comme ami proche par contre celui pour qui ce n’est pas le cas alors on s’écarte de lui. Ceci car l’ami proche a, en fonction de sa religion et de sa piété, une bonne influence ou une mauvaise influence sur la personne.

Dans un monde où les influences sont nombreuses, nous ne pouvons pas laisser nos enfants apprendre seuls, par essais et erreurs, ce qu’est une bonne amitié. L’amitié peut élever, rapprocher d’Allah, encourager à faire le bien… mais elle peut aussi détourner, épuiser et pousser vers le mal. En effet, l’ami est un miroir, un modèle. Une bonne amitié peut fortifier la foi, encourager la piété, soutenir dans l’épreuve. À l’inverse, une mauvaise fréquentation peut éloigner d’Allah, altérer le caractère et entraîner vers le mal.

En tant que parents, nous avons un rôle de prévention et d’éducation. Il ne s’agit pas de contrôler chaque relation, mais de donner des repères clairs avant que l’enfant ne se lie à une personne qui pourrait lui nuire.

1. Commencer tôt, avec douceur et bienveillance

Le Prophète ﷺ a dit : L’analogie d’un bon compagnon et d’un mauvais est comme celle d’un vendeur de musc et celui qui active le soufflet du forgeron. En ce qui concerne le vendeur de musc, soit il vous en donne ou vous en achetez de lui ou tout au moins vous appréciez son odeur. Quant à celui qui active le soufflet du forgeron, soit il brulera vos habits ou vous sentirez son odeur nauséabonde.

Rapporté par al-Boukhari et Mouslim

Trop souvent, les parents interviennent après coup, lorsqu’un problème survient : mauvaise influence, fréquentation toxique, chute dans la foi ou le comportement. Pourtant, notre responsabilité est aussi préventive : il s’agit de préparer nos enfants à faire des choix judicieux avant qu’ils ne soient exposés à des relations nuisibles.

Cela implique de :

1. Parler régulièrement du sujet des amis
2. Donner des critères clairs pour discerner
3. Montrer par l’exemple ce qu’est une relation saine
4. Offrir un cadre de confiance pour qu’ils puissent se confier

Dès les premières années de socialisation (école, mosquée, parc…), ouvrons la discussion :

• « Est-ce que tu aimes être avec lui ? Pourquoi ? »
• « Est-ce qu’il est gentil avec les autres aussi ? »
• « Comment tu te sens quand tu joues avec lui ? »

Ce sont des questions simples, mais puissantes. Elles permettent à l’enfant de réfléchir par lui-même et de s’habituer à observer le comportement des autres à travers des critères moraux.

2. Comment reconnaître une bonne amie, un bon ami ?

Fais preuve de patience [en restant] avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face…

Traduction classique de la Sourate 18 (Al-Kahf), verset 28

Un bon compagnon se reconnaît à plusieurs caractéristiques :

• Il te rapproche d’Allah : par ses paroles, ses rappels, son comportement, il te pousse vers le bien.
• Il partage tes valeurs : il ne t’incite jamais à désobéir à ton Seigneur.
• Il est sincère, loyal : il te conseille, te protège de la médisance, et garde tes confidences.
• Il n’est pas intéressé : il t’aime pour Allah, il t’apprécie pour ce que tu es, pas pour ce que tu possèdes ou ce que tu représentes.
• Il est constant : il ne t’abandonne pas dès que tu es en difficulté, et ne cherche pas la domination ou le contrôle.

Expliquons ces critères à notre enfant en les illustrant avec des exemples de la vie quotidienne. Faisons vivre ces notions à travers des discussions : « Si un ami te propose de cacher la vérité à tes parents, est-ce une preuve d’amour ou de danger ? » Montrons que la vraie amitié ne s’oppose jamais aux valeurs de l’islam.

3. Et une mauvaise fréquentation, c’est quoi ?

Malheur à moi ! Hélas ! Si seulement je n’avais pas pris « un tel » pour ami!…

Traduction classique de la Sourate Al-Furqan, verset 28

Un mauvais compagnon se reconnaît à plusieurs caractéristiques :

• L’ami qui pousse à la désobéissance (mensonge, moquerie, irrespect)
• Celui qui critique la foi ou les pratiques religieuses
• Celui qui cherche à isoler (couper des parents, etc.)
• Celui qui manipule ou fait du chantage affectif
• Celui dont la compagnie fait naître l’angoisse, la culpabilité ou la honte

Il est important de ne pas culpabiliser l’enfant, mais de lui apprendre à analyser ce qu’il vit. Il ne s’agit pas de juger des personnes, mais de discerner les comportements et leurs conséquences. Expliquons à notre enfant que certaines amitiés peuvent avoir des conséquences graves sur son comportement, sa foi et sa tranquillité intérieure.

4. Et si l’erreur a déjà été commise ?

Il arrive que l’enfant se lie à une personne qui lui nuit. Cela ne doit pas être vu comme un échec, mais comme une opportunité d’apprentissage.

Notre rôle consiste alors à :

• Écouter sans accuser
• Lui permettre de verbaliser ce qu’il ressent
• Le rassurer sur sa capacité à faire un choix différent
• L’accompagner dans la démarche de prise de recul, voire de rupture

Rappelons à notre enfant que revenir en arrière est un signe de maturité, pas de faiblesse.

« Celui qui abandonne une chose pour Allah, Allah la lui remplace par quelque chose de meilleur. »

Rapporté par Ahmad

5. Être un modèle et une référence affective

Enfin, il est indispensable que le lien parent-enfant soit solide pour que l’enfant n’ait pas à chercher refuge uniquement dans ses relations extérieures.

Un enfant qui se sent :

• Écouté sans être jugé
• Valorisé pour qui il est
• Accompagné avec amour et fermeté

… est un enfant qui saura mieux se positionner face aux influences extérieures.

En tant que parents, notre propre manière d’être en relation est aussi une source d’enseignement. Soyons donc vigilants sur :

• Notre manière de parler des autres
• Nos relations sociales (famille, amis)
• Notre façon de réagir aux conflits

Conclusion

Dans une époque où les valeurs se brouillent et où l’influence des pairs est de plus en plus forte, apprendre à nos enfants à choisir leurs amis selon des repères solides et spirituellement sains est une nécessité éducative. Alors soyons les premiers éducateurs de leurs cœurs, afin qu’ils sachent reconnaître la bonne compagnie, et s’en entourer. C’est une graine que nous plantons aujourd’hui, et dont les fruits les accompagneront tout au long de leur vie, in sha Allah.

🔸 Astuce pratique : Préparez ensemble un petit tableau ou un carnet avec deux colonnes : « Ce qu’un(e) bon(ne) ami(e) fait » et « Ce qu’un(e) mauvais(e) ami(e) fait » Laissez votre enfant le remplir avec vos conseils. Vous verrez à quel point il est capable de réflexion… quand on l’accompagne avec amour.