Construire une relation de confiance avec son enfant : Dernière modification le 21 juin 2025
Introduction
Dans la tête de bien des parents, il y a ce désir profond : que mon enfant sache qu’il peut tout me dire. Pourtant, la réalité est souvent bien différente. Beaucoup d’enfants, même ceux qui semblent proches de leurs parents, gardent pour eux leurs inquiétudes, leurs échecs, leurs conflits ou leurs chagrins. Pas par rejet. Pas par manque d’amour. Mais souvent… parce qu’ils nous idéalisent. Ils nous voient forts, droits, constants dans nos prières, confiants dans nos choix.
Mais pourquoi tant d’enfants hésitent à se confier à leurs propres parents ? Et surtout, comment pouvons-nous leur ouvrir un espace de confiance, sans forcer, sans pression, mais avec amour et humanité ?
1. L’illusion du parent parfait
L’un des premiers obstacles à la communication parent-enfant, c’est l’idéalisation. Nos enfants nous observent depuis tout-petits. Ils nous voient prendre des décisions, gérer les imprévus, les corriger, poser des limites, leur apprendre des choses qu’ils ne savent pas encore. À leurs yeux, nous sommes souvent « ceux qui savent », « ceux qui réussissent », voire « ceux qui ne se trompent jamais ».
Ce regard admiratif est naturel. Il construit leur sécurité. Mais s’il n’est pas équilibré par une part de vulnérabilité assumée, il peut devenir un véritable piège :
« Maman ne peut pas comprendre que je me suis senti nul devant la classe, elle il est toujours sûre d’elle. »
« Papa ne rate jamais sa prière, il est courageux, il travaille bien, il connaît plein de choses…, je ne peux pas lui dire que j’ai été puni. Elle serait trop déçue. »
Quand nos enfants pensent qu’on ne peut pas comprendre leurs faiblesses, ce n’est pas parce qu’ils nous rejettent. C’est parce qu’ils nous croient trop loin de leur réalité. Ils ont peur de nous décevoir, ou de ne pas être compris. Et ainsi, le lien se fragilise là où il devrait se renforcer.
2. L’importance de se montrer humain
Pour créer un lien de confiance véritable avec nos enfants, il faut redescendre de notre piédestal. Non pas en perdant notre autorité ou notre statut de guide, mais en rendant visible notre humanité.
« Je suis ton parent, mais je suis aussi un être humain. Et moi aussi, j’ai connu des épreuves. »
Parler à nos enfants de nos propres erreurs, de nos fragilités, des moments où nous avons douté, pleuré, échoué… c’est leur faire un cadeau immense : celui de se sentir moins seuls.
C’est leur dire :
« Moi aussi, j’ai connu ça. Ce que tu ressens, je l’ai ressenti. Je te comprends. Et tu peux m’en parler. »
Un enfant qui voit que son parent a, lui aussi, eu des mauvaises notes, fait des choix maladroits, eu peur de l’avis des autres ou pleuré en cachette, ne perd pas le respect pour lui. Au contraire, il découvre en lui un modèle plus réel, plus accessible, plus proche.

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3. Adapter nos récits à leur âge
Évidemment, tout ne se raconte pas à tout âge. Il ne s’agit pas de tout déballer sans filtre. Mais chaque étape de la vie de l’enfant peut trouver un écho dans notre propre histoire, à condition de bien choisir nos mots et nos exemples.
- Pour un enfant en primaire : Parlez de vos difficultés d’apprentissage, de la peur de parler à l’oral, de l’amie qui vous a trahi, du jour où vous avez eu une mauvaise note malgré vos efforts. Montrez-lui que vous avez, vous aussi, galéré, et que vous n’étiez pas « naturellement doué ».
- Pour un enfant au collège ou au lycée : Ouvrez davantage sur les émotions complexes : les doutes sur soi, les sentiments d’injustice, les erreurs relationnelles, les moments où vous avez caché des choses à vos parents par peur… sans glorifier ces actes, mais en montrant les leçons que vous en avez tirées. Dites-lui qu’Allah aime ceux qui reviennent à Lui.
- Pour un jeune adulte : Il est parfois temps de dévoiler des épreuves plus lourdes : des échecs marquants, des périodes d’anxiété, des remises en question. Cela peut devenir un socle de discussions profondes et mutuelles.
4. Ne pas attendre que l’enfant parle : ouvrir la voie
Beaucoup de parents disent : « Mon enfant ne me parle pas de lui. » Mais il faut se poser la question inverse : lui ai-je déjà parlé de moi ? Pas seulement de mes règles ou de mes attentes, mais de moi en tant qu’être humain, avec mes hauts et mes bas.
L’enfant ne se confiera pas toujours de lui-même. Mais si l’adulte commence par offrir un morceau de vérité sincère, sans attente, sans jugement, il ouvre une porte. Et cette porte-là, une fois ouverte, peut devenir un passage régulier.
Raconter qu’on a eu du mal à apprendre certaines matières, qu’on s’est senti seul, qu’on a fait des choix qu’on a regrettés… c’est leur dire :
« Tu peux passer par là. Moi aussi, j’ai connu ces tempêtes. Mais avec l’aide d’Allah, on s’en sort. »
Cela leur apprend à ne pas avoir honte de tomber. À chercher du soutien au lieu de se cacher. Et cela leur enseigne une valeur précieuse de l’islam : la tawba, le retour à Allah après une erreur, avec espoir et sincérité.
Alors, la prochaine fois que votre enfant rentre de l’école, pourquoi ne pas lui raconter, tout simplement, un petit souvenir de votre enfance ? Une fois où vous vous êtes senti nul, honteux, ou triste. Juste pour lui dire :
« Moi aussi, j’ai connu des moments difficiles. Et je suis là, pour toi. »
Conclusion
Nos enfants n’ont pas besoin de parents parfaits. Ils ont besoin de repères vivants, sincères et accessibles. En nous montrant humains, proches, authentiques, nous leur offrons un espace sûr pour grandir, apprendre… et parfois tomber. Et surtout, nous leur montrons que la vie du croyant n’est pas une ligne droite, mais un chemin fait d’efforts, de retours vers Allah, d’apprentissages constants.
Et si, un jour, votre enfant vous dit :
« Papa, Maman… je peux te parler ? »
Alors vous saurez que votre sincérité a semé quelque chose de précieux : une confiance durable, enracinée dans la miséricorde d’Allah.